Une feuille qui tombe


Tout le monde a pu observer une des scènes qui suit :

- Une feuille d'arbre qui tombe.
- Des nuages qui évoluent dans le ciel.
- Un feu dans une cheminée.
- La mer et ses vagues qui viennent lécher la plage...

On pourrait allonger la liste indéfiniment tellement les scènes de ce genre sont nombreuses dans la nature.

Le point commun
Le point commun de ces scènes est qu'elles sont imprévisibles. Chaque vague vient lécher la plage d'une manière différente, le feu reste toujours pareil tout en se renouvellant constamment, les nuages se forment et se déforment et chaque feuille a sa propre chute.

A aucun moment on ne peut prévoir l'instant suivant, l'imprévisibilité est totale.

Pourtant, quand l'humeur du moment s'y prète, ces scènes sont fascinantes; hypnotisantes et très relaxantes.

Le comportement de ces "objets" est conditionné par de très (trop) nombreux paramètres, pour la feuille qui tombe on peut citer : sa forme, sa position initiale dans l'arbre, le vent, l'humidité...
Chaque paramètre étant conditionné par d'autres plus subtiles (la force du vent à cet endroit étant conditionné par les différents obstacles qu'il a rencontré sur sa route ainsi que l'évènement initial qui l'a déclenché, lui-même étant conditionné par des paramètres météorologiques plus généraux...) il serait vain de chercher à prévoir le déroulement de l'instant suivant.

Et la musique ?
A part, parfois, au moment où on découvre un morceau pour la première fois tout morceau de musique est prévisible. Il y a des constructions types, Couplet/Refrain, Chant/Contre Chant, Exposition du thème/Improvisation sur le thème... Des mélodies et harmonies types, tout un tas de repères qui font que même à la première écoute on peut, si le style est connu, prévoir que dans quelques instants un nouveau thème va apparaître même si on ignore encore ce qu'il sera.

C'est sans doute ce besoin de prévisibilité qui fait que lorsque on aborde un style musical pour la première fois on a l'impression que "c'est toujours la même chose", que "ce n'est que du bruit" que plus simplement on n'y comprend rien... La construction des morceaux, l'harmonie, les mélodies, les sons sont inhabituels, on a plus de repères, cela semble sans logique.

Le son du vent
Il suffit de placer des objets résonnant (des clochettes) dans un endroit venteux pour s'offrir un concert de mère nature gratuit.
Un troupeau de vache à clochette en déplacement, les guindes d'un navire au port par nuit de grands vents, les cloches d'une église lancées à la volée, les sifflements du vent dans les interstices d'un mur, Les symphonies naturelles sont nombreuses.

Bien que ces musiques ne se répètent jamais deux fois à l'identique on peut, si on a vécu ces scènes, les reconnaître les yeux fermés.

Notre mémoire et analyse des sons et des mélodies sont donc beaucoup plus subtiles que ce qu'on entend à la radio ne le laisserait supposer. L'intéret d'une musique n'est pas forcément la répétition d'un thème.

Le jazz et aussi les musiques électroniques ont montré qu'on pouvait aller toujours plus loin dans la déconstruction en approchant la musique non plus sous l'angle de la mélodie et l'harmonie mais sous celui de l'expression improvisée pour le jazz ou du Son pour les musiques électroniques.

Mais c'est musiques, si elle sont moins prévisibles qu'une chanson "Couplet/Refrain" raconte tout de même une "histoire" et on s'attend, avant même d'avoir appuyer sur "Play", à entendre une introduction, une développement et une fin.

Sommes-nous donc condamnés à composer de la musique prévisible ?

Un espoir...
L'intéret d'une feuille qui tombe est justement l'imprévisibilité. C'est ce qui fait son charme. Un mouvement se répète, on croit que la feuille va toucher le crane dégarni de Bernard et hop un coup de vent la balance ailleurs et Jocelyne voit son chapeau s'envoler. Cet enchainement de faits qui semble dû au hasard est une intéraction de différents évènements indépendants générant des coïncidences amusantes, à condition qu'il y ait quelqu'un pour les observer.

On peut penser que ce qui fonctionne visuellement fonctionne également auditivement.

Ce que j'apprécie en écoutant ces musiques que je "compose" c'est qu'elles me suprennent même après de multiples écoutes. Elles restent imprévisibles. Il suffit de ne plus les écouter pendant quelques semaines pour les redécouvrir parfois sous un autre angle.

Ecouter une musique fractale c'est comme de regarder une feuille qui tombe. C'est avoir la surprise de l'instant qui suit. C'est ne pas chercher de point de repères, de début, de fin c'est se laisser guider par un évènement sans se poser la question de la direction ni celle du pourquoi.

C'est tout pour aujourd'hui.
Gwelloc'h e vo warc'hoazh.
N'hésitez pas à me laisser un mot.
Kenavo.
10/12/2006








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